Depuis Septembre 2018, au sein de l’école CentraleSupélec, je suis membre de l’équipe pédagogique en charge d’un programme de «Développe ment Personnel et Professionnel» (DPP) pour deux mastères techniques spécialisés MSI (Management des Systèmes d’Information) et SIO (Systèmes Informatiques Ouverts).
L’objectif de ce programme est de développer les compétences « softs skills » des étudiants qui sont de jeunes diplômés d’écoles d’ingénieur ou de Master en sciences ou des professionnels déjà expérimentés.
Le dispositif d’intervention DPP alterne des séances en plénière (sur des sujets tels que la communication efficace, le leadership, la négociation... ) et des séances de tutorat en petits groupes destinées à travailler sur les projets professionnels des étudiants, en lien avec les thèmes abordés en plénière.
Je suis ingénieur de formation et j’ai exercé ce métier pendant près de 20 ans chez IBM. Ainsi participer é ce dispositif centré sur les aspects humains en entreprise est pour moi une formidable opportunité de sensibiliser de jeunes ingénieurs et des plus expérimentés à l’importance de développer ses capacités d’écoute, de communication, de prise de responsabilité et d’entraide : ce sont des aptitudes clefs, gage de performance en entreprise. Ces démarches sont encore trop peu présentes à mon sens au sein des écoles d’Ingénieurs.
En décembre 2018 a été organisé un moment clef de ce cursus : un entrainement grandeur nature aux entretiens avec des professionnels du recrutement. Ainsi des professionnels des Ressources Humaines, des consultants, des dirigeants, issus de grandes ou moyennes entreprises dans le secteur de l’aéronautique, de l’industrie, des banques, de la Défense, ou encore de cabinets de conseils et d’ONG ont accepté de venir faire passer des entretiens pendant une journée.
En préparation de cet événement, nous avons travaillé avec les étudiants sur leurs CVs et la présentation orale de leur projet professionnel de façon interactive afin qu’ils reçoivent les feedbacks de leur groupe de tutorat.
« certains ont passé plus de six entretiens en une journée.»
Plusieurs d’entre eux s’inquiétaient des questions «piège» . Afin de ne pas figer l’entretien avec une liste questions, je leur ai demandé de réfléchir à ce qu’ils souhaitaient dire d’eux lors de l’échange et aux informations qu’il était important pour eux de recueillir.
Je les ai aussi incités à déterminer ce qui était important pour eux d’un point de vue professionnel et comment ils sauront qu’une entreprise est faite pour eux : une façon d’aborder l’entretien comme un échange entre professionnels et d’adresser à la fois des éléments factuels, des opinions et des sentiments.
Ce que je garde de cette journée, c’est tout d’abord l’attention que les étudiants ont tous porté à se présenter en tenue professionnelle, et leur implication : certains ont passé plus de 6 entretiens en une journée.
C’est également l‘enthousiasme des professionnels qui ont passé une journée très dense et qui ont montré une attention sans faille, prodiguant des
conseils personnalisés tant sur l’entretien que sur les CVs. Ils ont tous exprimé leur souhait de revenir pour l’édition de l’an- née prochaine et certaines des entreprises étaient prêtes à accueillir des étudiants en stage de fin d’études.
Une des motivations principales de ces professionnels était de faire prendre conscience aux étudiants que leur expérience professionnelle, même succincte, était spécifique et méritait d’être mise en valeur en entretien ; ils souhaitaient leur permettre d’expérimenter un échange sans trop d’enjeu afin qu’ils soient plus à l’aise lors de prochaines expériences et leur faire comprendre les informations qu’un recruteur cherche à récupérer. Certains souhaitaient sensibiliser les étudiants à «rester eux-mêmes» plutôt que se conformer à un profil de candidat type.
A l’unanimité, les étudiants ont évalué cette journée de manière très positive et ont relevé la qualité des intervenants et l’attention qu’ils leur ont portée. Ces entretiens leur ont permis d’affiner leur projet professionnel, d’ajuster leur discours de présenta- tion et leur cv afin d’être au plus prêt de leur projet. Ils ont parfois été surpris des styles différents d’entretien (plus ou moins de questions, des questions personnelles ou pas...) et des conseils parfois contradictoires (par exemple mettre en valeur ou non une expérience spécifique..) ... une façon d’expérimenter la diversité des points de vue pour qu’ils puissent faire leur propre choix ensuite.
Cette expérience, inédite pour certains, leur a fait vivre au fil des échanges, l’expérience de l’essai/erreur/ajustement à la fois dans leur discours et aussi dans leur posture physique. Certains m’ont dit avoir changé la représentation qu’ils se faisaient d’un entretien avec pour conséquence le fait de se sentir moins stressés lors d’entretiens qu’ils ont passé peu de temps après pour trouver un stage.
L’entretien reste un moment clef d’un recrutement... mais pas le seul car si le collaborateur est recruté, la phase d’intégration est une phase cruciale qui peut être utilisée comme une expérience de performance globale : pour en savoir plus lien vers offre Intégration plus
